17 août 2025
20ème Dimanche du Temps Ordinaire ‘C’
Jérémie 38,4-6.8-10
Psaume 39
Hébreux 12,1-4
Luc 12,49-53
L’humanité de jésus
Tous les chrétiens croient au Christ « Vrai Dieu, né du vrai Dieu » ET « Par l’Esprit, il a pris chair de la vierge Marie et s’est fait homme. » Pleinement Dieu et pleinement homme, Jésus a enseigné en parcourant la Palestine. Son message heurtait souvent les personnes ‘établies’ prêtres qui tenaient à ce que le Temple soit toujours en première place et les pharisiens qui étudiaient la Parole de Dieu pour définir les moindres gestes de la vie quotidienne. Le Christ dans ses prédications rappelait que l’essentiel du rapport de Dieu avec l’homme n’est pas régi par des éléments extérieurs mais uniquement par l’amour.
En méditant tous ces textes nous écoutons la Parole de Dieu mais souvent nous perdons de vue l’humanité de Jésus qui transparait dans ses expressions. Ainsi Jésus en parlant du baptême qu’il va recevoir, c’est-à-dire la Passion et la mort, signale son angoisse. Cela pourrait paraitre impensable puisqu’il sait que ces moments annoncent sa Résurrection glorieuse, mais la réaction devant la souffrance est bien humaine, il ne recherche pas la douleur, il accepte de passer par elle pour sauver l’humanité. Jésus ne cache pas sa tristesse en annonçant que son message sera à l’origine de divisions et de batailles entre personnes proches.
Les évangiles ne nous cachent pas les moments de la vie de Jésus où les émotions prennent le dessus, mais nous les occultons volontiers. Jésus est ému par la foule venue accompagner Marthe et Marie dans le deuil de leur frère : « Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé. » (Jean 11,33) Une juste colère l’envahit jusqu’à devenir violent en voyant les marchands s’établir dans la cour du Temple uniquement dans le but de faire des profits : « Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs. » (Jean 2,15) De nombreuses fois, il est pris de compassion pour la foule qui le suit (e.g. Marc 8,2) ou pour les malades qui viennent à lui dans l’espoir de guérir (e.g. Matthieu 20,34) Toutes ces émotions ressenties par Jésus révèlent son humanité profonde et prouvent la réalité de son incarnation : le ‘Verbe’ s’est réellement fait ‘chair’ dans toutes ses dimensions.
L’angoisse de Jésus n’est donc pas une faille dans sa divinité mais l’expression de son humanité qui se manifeste dans une appréhension double, souffrance physique des supplices et souffrance morale d’être la source de divisions
Reconnaître l’Incarnation de Dieu-le-Fils, c’est recevoir la pleine portée du message chrétien : Dieu ne s’est pas contenté de rejoindre l’humanité en paroles par les prophètes, mais il a pris chair pour partager nos émotions, en fragilités, en passions vécues jusqu’au bout. Cela nous invite à relire les Écritures non comme un récit lointain mais comme le témoignage d’une présence divine qui partage notre humanité dans nos difficultés et nos élans. En contemplant le Christ qui n’a pas dissimulé son trouble ni sa colère, nous sommes à vivre pleinement notre humanité, à accueillir nos émotions, les offrir et les convertir en source de miséricorde. Ainsi, le chemin du disciple n’est pas d’effacer l’épreuve ou la tension, mais d’oser les traverser avec confiance, à la suite de Jésus.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite