23 novembre 2025
Fête du Christ, Roi de l’univers
2 Samuel 5,1-3
Psaume 121
Colossiens 1,12-20
Luc 23,35-43
Sauve-toi toi-même !
Le gibet du Golgotha est situé à l’entrée de Jérusalem. Dans cette semaine avant la Pâque, les pèlerins sont nombreux à venir offrir l’agneau pascal dans le Temple de l’ensemble, ils viennent de la Palestine et de la diaspora. Dès l’arrivée à la ville sainte, ils voient l’exposition de ces crucifiés qui sont la preuve matérielle du pouvoir de l’occupant romain qui impose ses lois et ses condamnations aux hébreux. Pour appuyer encore sur la perception de la domination de Rome, l’humiliation de ce peuple est soulignée par la place centrale de Jésus pour lequel l’écriteau indique le motif de cette exécution : « Celui-ci est le Roi des Juifs »
Les pèlerins entendent les chefs présenter ce condamné comme un homme qui a sauvé d’autres personnes – et ils ne semblent pas mettre en doute ces actions du crucifié ! – cet homme aurait prétendu être le Messie. Ces affirmations répétées par des notables ne peuvent que provoquer une curiosité de la part de ceux qui arrivent de loin, de plus ils entendent les soldats romains se moquer du roi des Juifs, propos qu’ils peuvent prendre comme des insultes.
Les personnes qui s’adressent ainsi à Jésus pour le ridiculiser, se trompent profondément : elles mettent Jésus au défi de se sauver lui-même comme il l’a fait pour tant d’autres. Dieu-le-Fils n’est pas venu pour se sauver lui-même, il l’a dit lui-même : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Luc 19,10) Cette notion est le cœur de la prédication de saint Paul : « Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs. » (1Timothée 1,15)
Toute sa vie, le Christ a été sensible aux souffrances humaines qu’elles soient physiques comme les maladies ou les handicaps ou qu’elles soient morales comme les doutes ou le deuil. Sa compassion est toujours guidée par les demandes qui lui sont faites et l’amour qu’il manifeste révèle celui du Père : « Je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » (Jean 11,41-42)
Une dernière fois, alors qu’il est agonisant sur la croix, le Christ entend la demande que lui est faite par cet homme en train d’expirer auprès de lui. Il n’implore qu’un souvenir, une prière, mais, sans tenir compte de tout ce que ce larron a pu faire dans sa vie pour mériter cette condamnation qu’il reconnait lui-même, la réponse de Jésus va bien au-delà de cette demande en donnant infiniment plus qu’un souvenir, il lui promet un devenir : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Luc 23,43)
L’évangéliste ne donne pas la réaction de l’autre crucifié qui "injuriait" Jésus. A-t-il entendu les paroles dites à côté de lui ? N’a-t-il pas trouvé dans ce dialogue la réponse à la question qu’il posait : « N’es-tu pas le Christ ? » (Luc 23,39)
Le "Bon Larron" a osé solliciter l’impossible du Christ et Dieu-le-Fils lui promet plus que cette demande folle. Cela dépasse tout raisonnement humain mais la foi permet ces prières paraissant insensées. C’est une grande leçon pour chacun d’entre nous ! Si j’ose demander l’irréalisable au Seigneur il me répondra, comme à ce criminel, que je suis déjà avec lui, même si cela parait impossible.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
