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22 juin 2025
 

Dimanche du Saint Sacrement ‘C’

Genèse 14,18-20
Psaume 109
1 Corinthiens 11,23-26
Luc 9,11-17

 

Le Corps livré, le Sang Versé

 

La première lecture, de l'Ancien Testament, évoque la figure du roi Melchisédech, grand prêtre du Seigneur à Salem. Il n’est pas surprenant que ce roi soit présenté comme grand-prêtre, tous les souverains de cette époque étaient à la fois représentant du peuple auprès de leur(s) dieu(x) et inversement présence de leur(s) dieu(x) au peuple. La plupart du temps ils étaient affirmés comme étant des descendants d’un ou plusieurs dieux, dieux eux-mêmes comme en témoignent les sépultures royales. L’auteur inspiré indique que Melchisédech est prêtre du Très-Haut, il ne peut s’agir que du Seigneur Dieu qui se présentera à Moïse sous le nom « Je suis ! » (Cf. Exode 3,14) Ce prêtre est roi de Salem, c’est-à-dire roi de Paix, en lui Abraham reconnait le serviteur du Dieu qui lui a promis une « descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer » (Genèse 22,17) L’offrande qui est faite au Très-Haut par ce prêtre exceptionnel n’est pas un sacrifice sanglant d’animal mais simplement du pain et du vin.

 

L’auteur de l’épître aux Hébreux va y découvrir une préfiguration de Jésus : Melchisédech entre dans la vie d’Abraham pour consacrer une victoire et disparait après l’offrande et avoir béni le patriarche. Dieu-le-Fils s’incarne et se fait chair dans la vie des hommes pour y vaincre le péché, après avoir laissé le mémorial de l’amour de Dieu, il revient auprès de Dieu-le-Père et ils donnent aux hommes Dieu-l’Esprit. La réalité est une preuve d’amour infiniment plus grande que l’image donnée à Abraham et cela nous invite à aller plus loin.

 

Si nous sommes attentifs aux paroles de la consécration, elles ne présentent pas comme de la chair qui nous est donnée à manger comme si les chrétiens étaient anthropophages ni du sang qui nous est donné à boire comme s’ils étaient des vampires, elles sont plus explicites : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous. » ; « Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. »

 

Il ne s'agit pas du Corps et du Sang humains que le Verbe a reçu de la Vierge Marie lorsqu’il s’est fait chair, il s'agit du CORPS LIVRE POUR NOUS et du SANG VERSE POUR NOUS. Cela change le sens même des mots. Sous l'apparence du pain est du vin, nous recevons le sacrifice du Christ de son corps livré et de son sang versé, nous communions à la substance divine même. Comme le dit l’oraison après la communion : « fais que nous devenions ce que nous avons reçu », nous participons à la divinité par notre communion.

 

Comme dans l'Eden où nos parents étaient sans dissimulation devant Dieu, comme Moïse qui parlait face à face avec Dieu, nous sommes dans la pleine vision de Dieu lorsque nous adorons le Saint Sacrement, qu'il soit exposé ou dans le tabernacle, mais nos yeux humains sont insuffisants pour y distinguer toute la gloire qui en émane, il faut les yeux de la foi.

 

L'adoration doit nous renvoyer à notre vie courante, quotidienne, rappelons-nous l'épître de Saint Jean : « celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1Jean 4,20) Alors l'adoration légitime que nous faisons à toutes les messes, ou devant le Saint Sacrement, nous envoie en mission : cette pleine vision de la gloire de Dieu dans la foi, nous entraine à la pleine vision de l'Esprit qui est en nos frères images de Dieu.

 

Pour nous aussi, il est important de nous souvenir que nous sommes « tabernacles » du Christ, lorsque nous recevons la communion, nous montrons Dieu à nos contemporains, soyons réellement présence joyeuse et heureuse du Christ dans le monde.

 

Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite

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