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26 octobre 2025
 

30ème Dimanche du Temps Ordinaire ‘C’

Siracide 35,12-18
Psaume 33
2Timothée 4, 6-18
Luc 18,9-14

 

Double je

 

Lorsque le Christ propose une parabole, l’imagination de ceux qui l’écoutent se met en marche et chacun illustre l’histoire selon son interprétation personnelle. Ainsi le récit du Pharisien et du Publicain est souvent représenté dans la pensée des auditeurs comme l’image donnée aujourd’hui le suggère, c’est-à-dire un Pharisien nanti qui rend grâce de sa bonne fortune, fier d’étaler sa réussite à la face du monde et, de l’autre côté, un pauvre hère qui pleure sur sa condition misérable de pécheur.

 

L’analyse du discours montre qu’il y a d’autres interprétations possibles notamment sur les richesses de ces deux hommes. En particulier le Publicain, Jésus précise qu’il s’agit d’un collecteur d’impôts, or la personne chargée de récupérer l’impôt dans les provinces romaines prenait une commission plus ou moins forte sur les taxes qu’il récoltait ; il était riche comme Zachée qui se convertit en parlant avec le Christ (cf. Luc 19,2-8) De même rien ne prouve que le Pharisien soit riche, il verse le dixième de tout ce qu’il gagne mais une proportion n’est pas nécessairement une grosse somme comme la pauvre veuve qui ne donne au Temple que deux piécettes (cf. Luc 21,2)

 

Le Christ ne cherche pas à attirer l’attention sur les conditions matérielles de ces deux hommes, ce qui est visible n’a aucune importance ce qui compte est la disposition du cœur.

 

La façon dont Jésus présente le Pharisien est presque ironique, il souligne que celui-ci se contente d’obéir sans réfléchir à la Loi dans les moindres détails, mais il n’entre pas en relation avec Celui qui a donné cette Loi à son Peuple. Il oublie l’essentiel de la profession de foi du Peuple de Dieu : « Écoute, Israël » (Deutéronome 6,4) L’application de la Loi est une conséquence de cette attention qui est donnée à la Parole de Dieu. Souvent le peuple s’égare et il est constamment rappelé par le Seigneur : « Écoute, je t'adjure, ô mon peuple ; vas-tu m'écouter, Israël ? » (Psaume 80[81],9) Dans son monologue Dieu n’a pas de place.

 

Le Publicain est décrit comme l’opposition du Pharisien, il ne cherche pas à se montrer comme un coq de basse-cour satisfait de lui-même, il donne l’impression presque de se cacher parce qu’il a honte de venir au Temple dans son état de pécheur. S’il est seul à parler la façon dont il se présente indique bien qu’il attend une réponse de Dieu. Cet apologue vient juste après la parabole de la veuve importune dans lequel Jésus affirme : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? » (Luc 18,7)

 

Le passage au Temple n’apporte rien au premier, en revanche le second en retire l’élan nécessaire pour mieux vivre.

 

L’évangile nous relance – une fois de plus – sur notre propre vie, et tout particulièrement sur notre présence dans une église le dimanche. Qu’en retirons-nous ? La satisfaction du "devoir accompli" comme autrefois où, enfants, nous devions faire signer une carte de messe ou bien un véritable dialogue avec notre Dieu, Père, Fils et Esprit aussi présent réellement dans sa Parole que dans le Corps et le Sang du Fils Unique de Dieu offert sur l’autel ?

 

Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite

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