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Jeudi 25 Décembre 

Jour de Noël

Le Verbe s’est fait chair

 

Isaïe 52,7-10 : Psaume 97 ; Hébreux 1,1-6 ; Jean 1,1-18

 

Au milieu du prologue de saint Jean, cette phrase est le cœur même de la foi chrétienne comme l’affirme l’auteur de l’épître aux hébreux (1,2) : « mais à la fin, en, ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils. » Pour aider la méditation des chrétiens, le IVème évangéliste utilise des mots dont la juxtaposition pourrait incongrue tellement ils semblent incompatibles.

 

En effet, le mot "Logos" appartient au langage philosophique et il dépasse largement les termes "Verbe" ou "Parole" par lesquels il est habituellement traduit. Le Logos comporte une notion de savoir, d’étude, de réflexion. Ce mot a un sens si puissant et significatif qu’il est utilisé comme suffixe pour exprimer les sciences comme "théologie", l’étude de Dieu par exemple. Le logos contient en lui-même la notion de sagesse personnifiée, Dieu crée par sa parole (cf. Genèse 1) A l’opposé de cette conception si respectable pour l’esprit, saint Jean utilise le terme extrêmement trivial de "chair" qui est véritablement la matière, les muscles dont les êtres vivants sont constitués et qui restent après la mort physique.

 

Le choix de l’évangéliste de conjuguer ces deux expressions est intentionnel, il veut éveiller chez le croyant une curiosité pour rechercher comment ces deux notions aussi éloignées l’une de l’autre peuvent ensemble constituer une révélation de l’amour de Dieu.

 

En contemplant cette union intime du Logos et de la chair, chacun d’entre nous est invité à dépasser l’opposition apparente entre la grandeur de la sagesse divine et la réalité fragile de l’existence humaine. Cette rencontre, loin d’être un simple rapprochement purement intellectuel, manifeste un mystère profond : le Dieu créateur rejoint l’humanité dans sa condition la plus vulnérable, révélant ainsi que la vraie connaissance de Dieu s’incarne dans la vie même, dans l’expérience concrète de la fragilité et de l’amour. Face à ce paradoxe, la foi chrétienne s’enracine dans une révélation nouvelle, celle d’un Dieu qui se rend proche et accessible, transformant la chair en lieu de rencontre et de salut.

 

L’affirmation « Le Verbe s’est fait chair » implique le salut offert à l’humanité. La loi n’est pas abrogée, elle se prolonge dans la grâce (cf. v.17) et s’épanouit dans la révélation de Dieu par le Fils éternel : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. » (v.18) En faisant connaître le Père il fait de nous des "enfants de Dieu". Acceptant de prendre notre condition mortelle, il nous donne la condition immortelle : « Nous sont accordés les dons promis, si précieux et si grands, pour que, par eux, vous deveniez participants de la nature divine. » (1Pierre 1,4)

 

« Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. » (Romain 5,20-21) La connaissance du Père nous donne une grâce surabondante. Il nous est demandé de savoir profiter de la "grâce d’état" qui nous a été donnée par le Baptême et la Confirmation pour écouter la Parole et la mettre en pratique.

 

Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite

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