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18 avril 2025
 

Célébration de la Passion du Seigneur

Isaïe 52,13-53,12
Psaume 30
Hébreux 4,14-5,9
Jean 18,1-19,42

 

Mensonges et hypocrisie

 

« Vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » (Jean 11,50) A partir du moment où le grand prêtre Caïphe a prononcé cette phrase, le sort de Jésus était scellé : il devait mourir et tous les prétextes seraient bons. Mais les foules étaient subjuguées par l’enseignement de cet homme, elles le tenaient pour un prophète (cf. Matthieu 21,46), l’arrêter publiquement aurait entrainé une émeute que les romains n’auraient pas tolérée. Un appel à la délation est lancé « Les grands prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu’on puisse l’arrêter. » (Jean 11,57)

 

Guidés par Judas, ce sont des soldats et des gardes du Temple qui arrêtent Jésus. Conduit au palais du grand prêtre où Pierre le renie trois fois conformément à la parole du Christ (cf. Jean 13,28 # 18,35), Jésus est interrogé d’abord par Hanne puis par Caïphe, l’un comme l’autre est très embarrassés car ils ne veulent pas, à cause des foules, que Jésus soit condamné à un titre religieux. Ils décident d’aller chez Pilate. « Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans le Prétoire, pour éviter une souillure et pouvoir manger l’agneau pascal. » (18,28) Ils considèrent que cela ne les souille pas de faire condamner un innocent contre la Loi de Moïse (cf. Exode 23,7) mais pénétrer chez un païen serait une faute grave !

 

Pilate comprend qu’il s’agit là d’une querelle religieuse et il désire ne pas se mêler de ce genre d’affaire interne à la Judée, il rejette leur demande en les renvoyant à leur Loi. Grands prêtres et pharisiens interjettent qu’ils n’ont pas le droit de mettre à mort alors qu’ils feront lapider sans hésitation Etienne (cf. Actes 7,59) et décapiter l’Apôtre Jacques (cf. Actes 12,2).

 

Pilate montre au peuple Jésus couronné d’épines et revêtu de pourpre en le désignant comme leur roi. Les grands prêtres et les pharisiens crient la pire apostasie juive : « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » (19,15) oubliant ainsi la déclaration du Seigneur rapportée par le prophète : « Je suis le Seigneur, votre Dieu saint, le Créateur d’Israël, votre roi ! » (Isaïe 43,15)

 

Enfin ce n’est pas dans un souci généreux pour abréger les souffrances des condamnés qu’il est demandé de ne pas laisser les corps crucifiés, c’est toujours dans un esprit très légaliste de pureté « d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. » (19,31)

 

Il est sans doute facile de gloser sur les mensonges, lâchetés et hypocrisies des chefs des prêtre et pharisiens, mais les Apôtres eux-mêmes ont fui par peur de représailles. Seuls trois femmes et le ‘disciple que Jésus aimait’ sont au pied de la croix, Joseph d’Arimathie, jusque-là disciple en secret, ose aller demander le corps de Jésus à Pilate et Nicodème prépare la sépulture.

 

En regardant notre conscience sans complaisance, nous pourrons constater que tout au long de notre vie, nous avons oscillé, nous oscillons et nous oscillerons entre toutes ces attitudes. Mais loin de nous décourager nous prenons davantage la dimension de cette Passion que nous célébrons aujourd’hui. Le IVème évangile est comme un exposé de l’amour de Dieu :

 

« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1,14)

« Tout est accompli. » (Jean 19,30)

 

Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite

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