8 juin 2025
Dimanche de la Pentecôte ‘C’
Actes 2,1-11
Psaume 103
Romains 8,8-17
Jean 14,15-26
Simplicité de l’annonce
Après l’Ascension du Christ « [Les Apôtres] montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement […] Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière. » (Actes 1,13-14) Il devait y avoir un contraste important entre l’ambiance de prière à l’intérieur du Cénacle et l’agitation de la foule dans les rues de Jérusalem pour la grande fête de Chavouot, cinquante jours après la Pâque (cf. Lévitique 23,16). Cette fête des semaines était à l’origine l’offrande les prémices des récoltes (cf. Exode 34,22) mais la tradition rabbinique avait ajouté à cette fête rurale la commémoration du don de la Loi au Sinaï (cf. Exode 31,18)
Ce n’est pas un hasard si l’Esprit Saint choisit spécifiquement ce jour-là pour venir sur les disciples comme le Christ l’avait promis : « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jean 14,26) La Pentecôte vécue par les Apôtres répond aux deux aspects de la célébration juive : il s’agit bien des prémices qui sont offerts, non plus des récoltes matérielles mais les premiers membres de l’Eglise qui sont ainsi mis en avant comme la promesse d’une moisson abondante et, en ce jour où le don de la Loi est célébré, ils annoncent l’accomplissement de cette Loi, elle était donnée pour guider la foi, l’Esprit permet d’en comprendre le sens profond pour pouvoir s’en imprégner, dorénavant la Loi sera vécue en vérité et par amour et non plus par obéissance : « La Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. » (Jean 1,17)
Les Apôtres se heurtent à une grande difficulté pour annoncer cette nouvelle façon de vivre la Loi dans « la Grâce et la Vérité » à la foule bigarrée qui se trouve à Jérusalem pendant cette période. De nombreux juifs sont venus de tous les pays connus autour de la Méditerranée (cf. v.9) afin de respecter les prescriptions données dans le livre de l’Exode pour cette fête de pèlerinage. Tous parlaient des langues différentes en fonction en leur pays d’origine. Les Apôtres se souvenaient de ce que l’Ecriture enseigne : les habitants de Babel avaient voulu entrer dans les Cieux par effraction cela avait entrainé « l’embrouillage de la langue de tous les habitants de la terre » (cf. Genèse 11,1-9) Mais lorsque les personnes animées par l’Esprit Saint se mettent à annoncer la Bonne Nouvelle chaque pèlerin les comprend dans sa propre langue ! Ce miracle a une signification profonde pour l’Eglise qui se constitue : pour en faire partie, il n’est pas nécessaire d’apprendre un dialecte unique extraordinaire ou magique, il ne s’agit pas de se mouler dans un genre de vie extérieur qui soit singulier, la compréhension de la Bonne Nouvelle est dans le cœur, elle se vit là où le croyant se trouve. Le Seigneur montre ainsi que le message délivré par ses témoins est universel.
Aucune personne ne peut prétendre parler toutes les langues du monde, mais une chose est sure, là où il y a une population humaine sur la planète, il y aura toujours la voix d’un chrétien pour s’adresser aux habitants et annoncer, au nom de l’Eglise, l’Evangile dans leur langue native d’une façon claire et compréhensible ; la Pentecôte est permanente, l’Esprit reçu au Baptême agira lui-même comme le Christ l’a promis : « Ne vous inquiétez pas d’avance pour savoir ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint. » (Marc 13,11)
Il n’est pas nécessaire d’aller à l’autre bout du monde, tout autour de nous des personnes ont besoin que nous leur expliquions la foi chrétienne, non pas par des formules alambiquées et savantes, dans un premier temps soyons aussi simples que les Apôtres depuis la terrasse du Cénacle et parlons le même langage que nous auditeurs, l’Esprit Saint fera le reste.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite