9 novembre 2025
Dédicace de la Basilique du Latran
(32ème Dimanche du Temps Ordinaire ‘C’)
Ezéchiel 47,1-2.8-9.12
Psaume : 45
1Corinthiens 3,9b-11.16-17
Jean 2,13-22
La Colère de Jésus
Les évangélistes nous montrent Dieu-le-Fils comme une personne pleine de compassion envers les hommes et femmes qu’il rencontre. Par amour il accepte d’être incompris, rejeté, constamment épié pour découvrir toute faute contre la Loi. Pharisiens et Saducéens lui tendent des pièges pour le prendre en défaut. Les foules le harcèlent pour obtenir des signes. Face à toutes ces manifestations plus ou moins hostiles, le Christ répète inlassablement la Parole qui est la clef de son ministère : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »(Jean 15,13)
Il semblerait que ce soit une autre personne qui intervient dans cette colère contre les vendeurs du Temple. Le IVème évangéliste est le seul à rapporter cet épisode, cela va dans le même sens que la manière très matérielle dont il a présenté l’incarnation en parlant concrètement de "chair" (cf. Jean 1,14) Le "Disciple que Jésus aimait" insiste de cette façon sur la réalité de l’humanité de Jésus. Devant l’injustice sacrilège de ces hommes qui profitent des pèlerins au sein même du Temple de Dieu, la moutarde lui monte au nez. Il s’agit d’un réflexe incontrôlable que tout croyant venant au Temple adorer le Seigneur devrait avoir en constatant cette profanation impie.
Pourtant le Temple n’est qu’un accessoire de la foi, il peut être détruit car il est devenu périmé par la venue dans le monde du Fils unique de Dieu. Comme il le confirmera à la Samaritaine près de Sykar : « Mais l'heure vient-et c'est maintenant-où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit et en vérité qu'ils doivent adorer. » (Jean 4,23-24)
Jésus reproche aux vendeurs du Temple leur esprit de cupidité. Ils ne sont pas là pour permettre aux personnes pieuses d’offrir un sacrifice dans la sérénité et d’adorer Dieu ; ils ne respectent pas le Seigneur et sa présence réelle dans le Temple ; ils ne viennent que pour amasser de l’argent : « Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » (Amos 8,6) ils mettent à l’approche de l’édifice sacré une ambiance mercantile faite de marchandages et de propositions concurrentielles incompatibles avec la sainteté du lieu.
Il nous est facile de condamner ces marchands ! Mais la présence de Dieu n’était réelle que localement dans l’enceinte du Temple de Jérusalem, pour nous, chrétiens, il est réellement présent dans le tabernacle de toutes les églises ; spirituellement présent lorsque nous sommes à deux ou trois réunis en son nom ; et matériellement présent en chacun de nos frères et chacune de nos sœurs. Dans ces présences, n’avons-nous pas quelquefois des attitudes de profits plus ou moins honnêtes qui ne sont pas conformes à l’esprit de l’Evangile ?
L’amour de la maison du Seigneur dont parle l’évangile fait-il notre tourment ? Depuis la résurrection, la maison du Seigneur est constituée de tous les hommes et femmes,
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
