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7 septembre 2025
 

23ème Dimanche du Temps Ordinaire ‘C’

Sagesse 9,13-18
Psaume 89
Philémon 9-17
Luc 14,25-33

 

Prier pour agir

 

Jésus met en garde ses disciples : il n’y a pas de place pour les dilettantes dans ceux qui veulent le suivre ; adhérer à l’évangile c’est, à tout moment, faire sienne la devise de sainte Jeanne d’Arc : « Dieu premier servi ! » C’est pour expliciter cela que le Christ parle de ‘préférence’ : si Dieu doit être le premier, les chrétiens ne doivent pas oublier leurs devoirs en particulier envers leurs parents : « Honore ton père et ta mère » (Matthieu 19,19 # Exode 20,12) et Jésus fustige ceux qui se débarrasse de cette obligation sous prétexte de donner au Temple : « Supposons qu’un homme déclare à son père ou à sa mère : “Les ressources qui m’auraient permis de t’aider sont korbane, c’est-à-dire don réservé à Dieu”, alors vous ne l’autorisez plus à faire quoi que ce soit pour son père ou sa mère » (Marc 7,11-12) Ce n’est pas de cette façon égoïste que Dieu pourra être le premier servi !

 

Par les exemples qu’il donne, Jésus alerte ses auditeurs contre deux tentations opposées : élaborer des projets trop ambitieux (construire une tour sans pouvoir finir – entrer en guerre sans chance de vaincre) mais aussi contre des intentions trop timorées (vouloir suivre le Christ sans rien abandonner) Il recommande à ses disciples de ‘commencer par s’asseoir’ pour préparer dans la prière l’engagement que représente de se mettre à la suite de Jésus.

 

Lui-même n’a-t-il pas commencé son ministère en ‘commençant par s’asseoir’ : « Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert. » (Luc 4,1) Au moment de manifester la Gloire par sa Résurrection, il agit de même pour recevoir du Père la force humaine de supporter la souffrance : « Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait » (Luc 22,41)

 

‘Commencer par s’asseoir’ pour le disciple, n’est donc pas seulement une évaluation de son aptitude à assumer la mission qui lui est demandée, c’est avant tout une supplication où il dira dans une attitude de prière : ‘Seigneur, je ferai ce que je pourrai faire, j’ai confiance que Tu feras le reste !’ L’accomplissement de cette mission dépend entièrement de cet acte de foi ; ce ne sont pas des simples forces du disciple qui seront en œuvre : il utilisera toutes les forces données par le Seigneur : « Je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. » (Jean 14,12-13)

 

Adopter cette démarche de discernement invite chacun à interroger les fondations de ses propres choix et à accueillir humblement la nécessité de la prière avant l’action. Ce passage d’évangile souligne la profondeur de l’engagement chrétien : il ne s’agit pas d’élans passagers ou de paroles en l’air, mais d’une construction patiente, nourrie par la prière et l’écoute et la mise en pratique de la Parole de Dieu. Le chemin à la suite du Christ s’appuie sur la lucidité et le courage, sur une volonté d’aligner chaque projet, chaque relation, sur la primauté de Dieu dans la vie. Ainsi, l’acte de « s’asseoir » devient le symbole d’une sagesse active, celle qui prépare à franchir le seuil de l’engagement véritable.

 

‘Commencer par s’asseoir’ consiste aussi à accepter le discernement de l’Eglise saint Paul lui-même va à Jérusalem pour faire vérifier par les Apôtres et les ‘anciens’ le bien-fondé de son enseignement (cf. Actes 15) Il est donc important de considérer que la mission n’est pas une possession personnelle mais je sais m’en détacher pour qu’elle entre dans la mission de toute l’Eglise.

 

Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite

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