25 mars 2025
Fête de l’Annonciation
Isaïe 7,10-14&8,10
Psaume 39
Hébreux 10,4-10
Luc 1,26-38
La jeune fille est enceinte
Lorsque Isaïe prononce cette prophétie au nom du Seigneur il la présente comme une bonne nouvelle. Pourtant le roi Acaz n’a pas pour souci immédiat la venue du Messie quelques siècles après son règne : il se trouve dans Jérusalem assiégée par l’ennemi et il cherche un moyen de conclure une trêve qui ne soit pas totalement à ses dépens.
Cette prophétie doit donc avoir une réponse directe pour la demande précise du roi.
Dans le judaïsme les hommes ne pouvaient pas aller vers leurs femmes pendant le temps où le pays était en guerre, ceci pour des questions de pureté rituelle. Ourias le hittite, bien qu’enivré par David, refuse d’aller voir sa femme Bethsabée et va dormir avec les serviteurs du Roi (cf. 2Samuel 11,5-12) Si une jeune fille est enceinte dans Jérusalem assiégée, cela signifie que la guerre est terminée. Les hommes, n’ayant pas été faits prisonniers ou tués, peuvent rejoindre leurs épouses donc une paix a été signée sans être désastreuse pour Israël. La Parole de Dieu transmise par Isaïe est donc une bonne nouvelle pour le roi Acaz.
Après cet épisode de l’histoire d’Israël, la prophétie demeure et elle est relue dans la foi juive comme une annonce qui dépasse la simple réponse donnée par Dieu au roi Acaz. Les ‘rabbi’ l’interprètent comme une promesse beaucoup plus importante, celle du Messie, celui qui va remettre Israël dans son rôle de Peuple de Dieu, lumière des nations. Dans cette évolution de la pensée, chaque fillette juive est préparée à être – éventuellement – cette jeune fille qui sera enceinte pour donner le jour au roi incontesté.
La seule question que pose la Vierge Marie est « Comment cela va-t-il se faire ? » (Luc 1,34) parce qu’elle a compris ce que l’Ange lui demandait, il y a déjà son acceptation dans cette question. Les détails que l’Ange apporte à la demande précisent les circonstances de cette conception : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. C’est pourquoi celui qui va naître sera Saint, et Il sera appelé Fils du Très-Haut ! » (v.35) L’enfant sera conçu sans l’intervention d’un homme mais par l’Esprit Saint ; il sera Saint parce que seul Dieu est Saint. La prophétie d’Isaïe se réalise sur un autre plan : non seulement la jeune fille est enceinte mais elle est enceinte d’un Sauveur bien plus important qu’un simple roi terrestre.
Après la Résurrection de Jésus, cette prophétie reprend pour les chrétiens son rôle de promesse, celle du retour du Christ dans la Gloire comme l’indique saint Jean : « La Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône. » (Apocalypse 12,5-6)
Cette prophétie – comme toutes les autres prophéties de l’Ancien Testament – a quatre niveaux de lecture : réalisation immédiate, promesse d’une intervention divine, réalisation par le Christ, attente de la fin glorieuse.
Cette fête de l’Annonciation demande à chacun de nous d’accueillir le message de Dieu en notre cœur pour que nous puissions – à notre niveau – réaliser les promesses que les prophètes avaient annoncées.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite