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Tremblement de terre.

Publié le 07 octobre 2021

 

 

 

Tremblement de terre.

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Le rapport de la CIASE fait l’effet d’un tremblement de terre. Le sol se dérobe sous nos pieds. Le vertige nous prend. Désarroi, colère, honte. Tout s’est effondré. Nous sommes effondrés. Comment tout cela a pu arriver ? Le lendemain, le jour se lève. Et maintenant, que faire ? Revoir les plans et reconstruire.

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Avant tout, rendre acte : ce rapport était nécessaire. Il faut le lire, ou au moins prendre connaissance de son contenu. Laisser résonner en nous ces vies brisées par le mal fait par des hommes d’Église, prêtres et religieux en majorité, mais aussi religieuses et laïcs. Le lire, pour comprendre le mal commis, et en garder mémoire. Puis partant de l’attention aux personnes victimes, aux enfants et aux jeunes, envisager l’avenir. Pour l’Église mais aussi pour la société car les 300 000 victimes sont mêlées au 5 millions de mineurs agressés sexuellement en France au cours des 70 dernières années. Effrayante comptabilité. Elle ne dédouane en rien l’Église, au contraire : elle aurait dû alerter, accompagner, dénoncer, agir autrement, au nom de sa foi, de l’amour du Christ pour les tout-petits. Elle a failli par trop de crimes. Trop de silence.

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Ce rapport ne raconte pas que des faits divers : il parle de notre Église, de ce que son organisation a produit, de ce qu’elle doit imaginer pour retrouver sa raison d’être en ce monde. Il part de la vérité, vérité cruelle. Il la met à jour, pour qu’elle soit assumée, dans une honte qui conduit au relèvement de ce qui nous déshonore, au refus de toute justification, et au courage de l’action.

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Nous pouvons mêler les réflexions inspirées par ces événements à notre démarche synodale entre octobre et février. Dans ses interventions diverses, Mr. Sauvé ne remet pas en cause le ministère des prêtres, ni le célibat, ni la mission de l’Église dans ce monde. Mais il propose de les vivre autrement. Cette réflexion rejoint celle du Pape François et de bien d’autres. Prenons-en notre part.

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Il nous faut aussi prier, avec compassion, mais sans nier ce que l’Église nous a permis de vivre durant les 70 dernières années. Le bon grain et l’ivraie sont mêlés. Le Trésor de la foi est un tel don ! La Parole de Dieu est si engageante ! Le dépouillement et la purification qui nous sont imposés, vivons-les dans la prière, le jeûne et la pénitence. Dieu nous invite à bâtir sur le roc de son amour. Le reste peut s’effondrer, sans regret, ni crainte.

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+ Gérard le Stang
Évêque d’Amiens.

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Après le silence de l’effroi avec lequel nous avons reçu les conclusions de la CIASE, je voudrais simplement essayer de vous confier 3 mots :

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Honte. Honte que des prêtres puissent faire de telles choses que mon esprit n’arrive même pas à imaginer ! Rien ni personne ne doit les soustraire à leur responsabilité, à la justice et à un traitement médical obligatoire pour le bien de tous y compris le leur. Mais ils sont mes frères…

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 Honte que mon Eglise, cette institution par laquelle j’ai donné ma vie au Christ, se soit montrée, et cela trop longtemps, aveugle, silencieuse et méprisante envers ceux qui souffrent alors qu’elle avait pour première mission de les protéger. Elle est ma famille et comme elle me rend fier aux jours de soleil, je lui dois, aujourd’hui aux jours d’Ouragan, ma loyauté et ma fidélité.

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 Honte, mais que pèse ma honte au regard des souffrances des personnes victimes : RIEN !

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 Merci. Merci d’abord aux membres de la commission Sauvé d’avoir accepté de porter un tel poids de souffrances, de crimes et de malheur. Ce poids est maintenant sur d’autres épaules. Ce poids, qu’il réveille les consciences trop longtemps endormies.

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 Merci à tous-ceux, quels qu’ils soient, qui par leur opiniâtreté, leur refus du silence ont permis à ces jours d’advenir.

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Merci à celle que j’appellerais « Sophie » jeune maman que je préparais à la communion, qui a trouvé la force de me confier comment, enfant, elle avait été violentée sexuellement par sa mère. Par ses mots et sa confiance, c’est elle qui m’a appris à écouter, accueillir, me taire…

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 Ensemble ! Là je fais un rêve. La CIASE dans son rapport nous a appris que la prédation sexuelle sur les enfants se cache dans notre Eglise, nos écoles, nos clubs sportifs, nos associations et nos familles. Alors, sans oublier les spécificités et les responsabilités de chacun, si c’était tous ensemble que nous nous mettions au travail pour que nos églises, nos écoles, nos clubs sportifs, nos associations, nos familles deviennent, pour nos enfants, des Maisons sûres. Cherchons, comprenons, informons, osons la parole, grandissons, répondons ensemble à ce défi vital pour notre communauté humaine. Pour une fois essayons d’être des Hommes.

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 Seigneur, en ton Fils Jésus, tu es venu vivre nos vies pour nous dire que tu crois en nous infiniment plus que nous-même. Jamais tu ne désespères d’aucun et tu crois, envers et contre tout, que nous sommes toujours capables de changer pour le meilleur. Accompagne aujourd’hui notre marche, éclaire aujourd’hui notre cœur, inspire aujourd’hui nos esprits pour que nous sachions enfin être des Hommes libres et debout.

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+Abbé Nicolas Jouy

Vicaire Général

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